Ce projet Janek vient d’une envie de mélanger l’Electro et l’acoustique. L’envie de convoquer d’abord les émotions avant les notions musicales. Une quête, un dépassement, une carte et des ponts à construire. L’envie d’aller chercher l’intensité, en profondeur, donc un projet volontairement à l’os, sans batterie, sans parole… C’est aussi un duel : duel entre les machines omniprésentes dans mon quotidien et les instruments acoustiques – en l’occurence le piano. Le piano « bricolé » – des vis, des bijoux, des clous sur les cordes – Rien d’original dirait John Cage ! – le rend plus fragile et aléatoire . Trouver la place de chacun en les réunissant : garder un côté bricole, artisanal, et de l’autre, dérouler la puissance de l’Electronique, « monstre » ultra droit et rigide. Trouver un équilibre « magique » entre les 2.
Ici, s’ouvre le chemin de Janek… C’est un sentier dissimulé au regard, discret et intrigant, que l’on emprunte avec précaution. La répétition du piano nous accompagne à la fois dans la promesse et l’inquiétude. De la canopée tombent autant de carrés de lumière acoustique que de sombres losanges aux angles technologiques. Tout au long de cet itinéraire aux nuances subtiles, dans ce climat ambiant, surgissent le tintement lointain d’une cloche de temple comme le frôlement furtif d’une présence invisible. Sous un manguier centenaire, au milieu d’une clairière, un fauteuil vide bascule dans le vent. Il n’y a personne et pourtant Janek est là : il habite le vide et densifie l’absence.
James Labastard